VERS LES ÉLECTIONS POLITIQUES

Les prochaines élections pour choisir le nouveau parlement et le nouveau Senat de la République auront lieu le 24 et le 25 février. Il s’agit d’un vote anticipé après les démissions le 21 Décembre 2012 du gouvernement technique présidé par le professeur, ancien commissionnaire à la concurrence, Mario Monti. Les démissions sont arrivées après l’abstention du centre droite lors de la votation d’une motion de confiance.

Il faut se rappeler que le ministère Monti, avait remplacé le gouvernement Berlusconi  le 11 Novembre 2011, pendant la crise des dettes de la zone Euro et en conséquence des démissions du leader du Peuple de la Liberté.

Le gouvernement formé était un gouvernement provisoire, mis en place pour sortir de la crise. Il s’agissait d’un gouvernement de techniciens, c’est-à-dire sans la participation de politicien. Il était soutenu soit par le centre droite que par le centre gauche. L’opposition au Parlement et au Senat était formée que par le parti de la Ligue du Nord et  le parti «l’Italie des Valeurs » de l’ancien magistrat Antonio di Pietro.

 Les forces politiques

Selon la loi électorale toute liste coalisée ou non, doit présenter son candidat pour le chef du gouvernement. En total, pour les élections législatives de 24 et 25 février 2013 le nombre des listes inscrites est de 184.

A’  centre – gauche on a la liste « Italie. Bien commun », le candidat premier ministre de cette liste c’est le chef de file du parti Démocratique (PD), Pierluigi Bersani, sorti gagnant des primaires du centre gauche de Décembre. La liste est composée aussi par « Gauche, Ecologie, Liberté » (SEL) de Nicchi Vendola et le Parti Socialiste Italien.

Le chef de file du parti démocratique et candidat de la gauche, Pier Luigi Bersani

Le chef de file du parti démocratique et candidat de la gauche, Pier Luigi Bersani

 

Côté droite, après l’annulation des primaires, Silvio Berlusconi est nommé chef de liste et candidat premier ministre. Son parti, le Peuple de la Liberté (PDL) est encore allié avec la ligue du Nord.

Après une période de rupture qui a durée presque un ans et demi, Roberto Maroni qui remplaçait Umberto Bossi, le chef historique de la Ligue du Nord suite à des scandales au sein du parti et de la famille Bossi, a décidé de retirer sa candidature comme premier ministre pour s’allier avec le Peuple de la Liberté.  Dans la coalition, y font partie aussi des petits partis comme « Les Frères d’Italie », un groupe sorti du parti de Silvio Berlusconi pour protester contre la décision de supprimer les primaires du centre droite.

Le president du PdL et candidate de la droite, Silvio Berlusconi

Le president du PdL et candidate de la droite, Silvio Berlusconi

 

La troisième coalition a comme chef de file Mario Monti. Le professeur est soutenu par « l’Union démocratique de Centre » (UDC) et par le parti de Gianfranco Fini, « Futur et Liberté ». C’est la coalition qui représente le centre.

 

Ensuite, on doit citer aussi le Mouvement 5 étoiles, de l’ancien comédien Beppe Grillo. Un mouvement populiste qui existe depuis désormais 6 ans et qui selon les sondages c’est la troisième force politique.  Ce mouvement ne présent pas un candidat premier ministre.

Roberto_Maroni_foto

L’allié principal de Silvio Berlusconi, qui remplace umberto Bossi à la tété du parti de la « Ligue du Nord », Roberto Maroni.

 

Enfin on a des petits partis que méritent d’être nommé parce que ils ne ont pas voulu se coaliser et se présent individuellement, mais selon les sondages ils peuvent arracher des votes aux grandes coalitions.

« Faire pour arrêter le déclin » c’est un mouvement libéral guidé par le journaliste et l’économicien Oscar Giannino et « Révolution Civile » qui présent comme candidat l’ancien magistrat Antonio Ingroia, connu en Italie pour avoir mené  l’enquête sur les rapports entre l’État italien et la Mafia.

 

 

LES ÉLECTIONS RÉGIONALES

Le 24 et 25 Février les citoyens des régions de Lazio, Lombardie et Molise doivent choisir le nouveau conseil régional et le Président de la Région. Ici aussi on est en face à des élections anticipé. Si pour la région de Molise, il s’agit d’une repetition des elections de 2011, suite à la dècision du Conseil d’Etat, la Lombardie et Lazio sont des régions où les conseils régionaux ont du demissioné après des scandales qui impliquait des figures politiques de toute force politique.

Il est interessant de remarquer que en Lombardie, le candidat du centre droite est Roberto Maroni il doit faire face non seulement à son opposant Umberto Ambrosoli (PD), mais  aussi à Gabriele Albertini, ancien maire de Milan et personalité du centre droite de Silvio Berlusconi, qui se present cette fois-ci avec une liste independante.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le système électoral italien. Une cochonnerie.

Le créateur de la loi, membre du parti de la "ligue du Nord", Robero Calderoli

Le créateur de la loi, membre du parti de la « ligue du Nord », Robero Calderoli

Depuis les élections politiques de 2006  l’Italie a adopté un système électoral proportionnel. Après les évènements de « Tangentopoli », le  système proportionnel avait laissé la place à un système électoral majoritaire mixte. Selon la loi dite Mattarella[1] 75 % des sièges au Parlement et au Senat étaient choisis par scrutin uninominal. Le restant 25% des sièges étaient repartis par un système proportionnel de liste. Toute liste pouvait avoir des sièges après avoir dépassé le seuil de 4%. La loi Mattarella est remplacée en 2005, par volonté du centre droite. La loi en question c’est la loi Calderoli, votée en Décembre 2005 appelée ironiquement par le politologue Sartori la loi Porcellum, après une intervention télévisée du créateur de la loi, lequel déclare qu’il s’agit d’une cochonnerie[2], faite pour « mettre en difficulté la droite et la gauche ».

Il s’agit d’une loi électorale qu’introduit un système électoral proportionnel corrigé, avec un prix de majorité et avec des listes closes.

 Une aide au vainqueur

Les électeurs se trouvent à voter des listes closes, préparées par les partis. Ainsi les préférences n’existent plus et l’électeur ne peut que voter la liste des députés nommés par les partis.  Les partis ou la coalition qui a la majorité relative des votes obtient le prix de majorité à la chambre du Parlement (340 députés sur 617) sans compter les députés de l’inscription étranger (12) et de la région de Vallée d’Aoste (5).

En ce qui concerne le Senat, là aussi on a un prix de majorité. Or, les sièges sont calculés sur base régionale[3]. Dans ce cas le parti ou la coalition qui a la majorité relative dans une région des voies automatiquement gagne 55% des sièges de la région. Pour expliquer ce mécanisme on prend l’exemple de la région d’Émilie-Romagne qui a 22 sénateurs. La liste qui arrive à gagner la majorité relative dans cette région reçoit 55% des voix qui se traduit avec 13 sièges au Sénat sur 22. Le reste est partagé par les autres forces politiques.

Les seuils

Autre caractéristique de ce mode de scrutin : les seuils électoraux. Le seuil pour entrer dans le parlement est fixé à 10% des voix sur base nationale pour les coalitions et de 2% pour les listes qui y font partie. Pour toutes les listes qui ne se regroupent pas en coalition, le seuil pour obtenir un siège au parlement est de 4% sur base nationale. Par contre, les seuils au Senat sont calculés sur base régionale. De fait, le seuil pour les coalitions est de 20%. Pour les listes non coalisées le seuil requis est de 8 %. Or, la liste qui obtient 8% des voix et fait partie d’une coalition n’atteignant pas les 20% peut elle aussi avoir des sièges au Sénat.

 Un vainqueur inachevé.

Le premier impact qu’on a de ce scrutin est celui d’une ingénierie électorale simple pour assurer des majorités stables aussi bien au Parlement qu’au Senat mais si on rentre en détail et qu’on regarde le mécanisme des seuils on s’aperçoit qu’il est loin d’être un mécanisme efficace. Le porcellum pousse les partis à s’organiser et former des coalitions très larges pour gagner plus de voix, mais ne détermine pas pour autant le même type de majorité au Senat et au Parlement. Une coalition peut avoir une majorité stable au Parlement mais cela ne se traduit pas automatiquement par une majorité stable au Senat. On ne doit pas oublier que le Sénat et le Parlement ont le même pouvoir en Italie puisqu’il s’agit d’un bicaméralisme parfait.

Le cas flagrant est celui du gouvernement Prodi, élu en 2006. Un gouvernement  de centre gauche qui comprenait des petits partis d’extrême gauche et du centre. Si la majorité au Parlement était stable  (340 députés sur 617 au Parlement), au Sénat elle n’existait pas. Ce gouvernement a eu la confiance du Sénat et a pu gouverner pour 2 ans, avec beaucoup d’obstacles, grâce seulement aux 5 sénateurs à vie. Le gouvernement Prodi sortait  minoritaire des élections et au Sénat il avait que 148 sénateurs élus contre les 153 sénateurs du centre-droite.

En guise de conclusion le mode de scrutin qui va s’appliquer aux prochaines élections législatives n’aide pas la formation d’un gouvernement stable en Italie. Le multi-partitisme reste l’ennemi principal de l’instabilité politique italienne mais et ce système électoral ne fait que cacher les petits partis derrière des coalitions. Depuis sa création la loi Calderoli a été critiquée par toute type de force politique et aussi par le créateur lui-même. La critique la plus marquante a été l’absence de démocratie parce qu’on choisit plus les représentants mais ce sont les partis qui les nomment. Il y a eu des tentatives pour supprimer la loi mais les referendums tenus ont échoué.

Lors de la dernière législature, une commission parlementaire a été mise en place pour modifier le système  mais cela a échoué aussi. Il semble que cette manière de tenir en échec les adversaires politiques convient à toutes les forces politiques qui ont composé la dernière législature.


[1] Loi proposée par le député Luigi Mattarella, nommé aussi le Mattarellum par Giovanni Sartori.

[2] Pendant une interview télévisée,  Roberto Calderoli, ministre des réformes de l’époque déclare que la loi est “una porcata” =cochonnerie.

[3] Il est écrit dans la constitution (art.57) que le Senat est élu sur une base régionale et chaque région doit avoir au moins 7 sénateurs. Mais cela dépend aussi de la population de la région. Par exemple la plus grande région italienne, la Lombardie a 49 sénateurs.

Les Primaries en Italie

     Le système électoral italien, comme la majorité des lois électorales ne mérite pas d’être nommer démocratique puisque aucune loi électorale ne représente  promptement les vœux  des électeurs lors de la désignation des représentants d’un pays.   Pour cela en Italie depuis 2005 des forces politiques appliquent les élections primaires pour choisir les futurs candidats qui vont se présenter dans des élections politiques. Le but des primaires en Italie est double: améliorer la démocratie représentative, en créant une proximité entre électeur et élu, et rendre aussi plus démocratique l’appareil dirigeant au sein d’un groupe politique.

Il faut tout de suite rappeler que les primaires en Italie sont un « monopole » du centre gauche. Jusqu’au aujourd’hui aucune formation de la droite a mise en place des élections primaires pour choisir des candidats.

Après des tentatives sporadiques  dans les années ’90  en Octobre 2005 l’Unione (la coalition qui regroupait les formations de gauche et centre gauche) décide de demander à tous les citoyens italiens de choisir le leader qui devait représenter la gauche aux élections politiques de 2006. Il s’agit d’une élection où tout le monde peut participer et les seuls obligations sont la nationalité, l’âge (18) et une contribution symbolique (1euro). Plus de 4 millions d’italiens y participent et le vainqueur est l’ancien commissaire européen Romano Prodi, le quel va ensuite mener la coalition de gauche à conquérir les élections politiques de 2006.

Or, au sein de la gauche italienne les primaires sont utilisés aussi pour choisir les dirigeants du parti, c’est le cas du Parti Démocratique (PD). En fait, dès la naissance de la nouvelle formation il est prévu l’élection du secrétaire par le biais des primaires. C’est Walter Veltroni, ancien maire de Rome qui remporte les élections primaries en déventant le premier secrétaire du Parti Démocratique italien. En 2009, après l’échec du PD aux élections politiques de 2008, Walter Veltroni démissionne et de nouvelles élections primaires sont annoncées. Cette fois –ci c’est Pierluigi Bersani qui est nommé secrétaire après avoir gagné le duel contre Dario Franceschini. En même temps les électeurs pouvaient choisir directement les représentants locaux du parti.

 LES PRIMAIRES POUR CHOISIR LE CANDIDAT PREMIER MINISTRE.

Aux primaires de la gauche de Décembre 2012 comme pour les autres primaires étaient habilités à voter tout citoyen âgé plus de 16 ans et qui contribuent avec 1 euro  lors de la votation. Toute façon cette fois l’élection se déroule en deux tours et l’électeur doit souscrire à un appel public à soutenir la gauche lors des élections politiques de février 2013.  Le 25 Novembre et le 2 Décembre 2012 ce sont déroulés les élections primaires de la coalition du centre gauche italienne. Le PD se présent aux élections de 24 et 25 Février en coalition avec SEL (Sinistra,ecologia, libertà) et le parti socialiste italien.

Les résultats du premier tour.

Les candidats étaient Pierluigi Bersani (secrétaire de PD), Nichi Vendola (president de SEL), Matteo Renzi (PD, maire de Florence), Laura Puppato (PD) et  Bruno Tabbaci (alliance pour l’Italie). La nouveauté absolue était le maire de Florence, Matteo Renzi. 36 ans il incarnait le renouveau. Catholique mais ouvert aux thématiques sociales (avortes, mariage gay etc). Proche de Prodi et d’une vision Blairist de la gauche. Pendant son campagne électorale son slogan était Rottamazione c’est –à – dire mettre à la casse les dirigeants du PD. Après un débat dialectique assez tenace c’est le secrétaire Bersani  qui est choisit au deuxième tour comme le candidat de la gauche aux élections politiques de 2013 avec un score de 60% contre 40% de Matteo Renzi.

L'antagoniste principal de Bersani et la potentielle nouveauté de la gauche italienne

L’antagoniste principal de Bersani et la potentielle nouveauté de la gauche italienne

Côté droite, il y a eu des tentatives de mettre en place des élections primaires mais sans des résultats satisfaisants. La dernière tentative sérieuse a été proposée à la fin de Novembre par le secrétaire du Peuple des Libertés (PDL)  Angelino Alfano  mais cela a échoué car le président du Pdl, Silvio Berlusconi a décidé de les annules et de se présenter encore une autre fois comme leader de la droite aux élections de février.  Au sein de la droite, après deux semaines de débats et des polémiques, tous les représentants sont convenus avec le choix de Berlusconi d’annuler les primaires, toutefois des personnalités comme Ignazio Larussa et Giorgia Meloni, potentielle candidate avec Angelino Alfano, ont abbandoné le parti en créant « Fratelli d’Italia ».