Une constitution démocratique en constante évolution et constamment critiquée.

On a souligné le caractère démocratique et social de la constitution italienne ; résultat du compromis entre les forces politiques qui ont combattus contre le fascisme à la fin de la IIème guerre mondiale. De conséquence on se trouve avec une constitution longue et complète, dans le sens où elle traite plusieurs champs de la vie politique et sociale. Toutefois la constitution italienne a connu des révisions qui ont changé le système politique du pays. Cela est du à la fois à à la constitution elle même (qui prévoyait des dispositions qui sont rentrés en vigueur plus tard) et au rôle actif du conseil constitutionnel qui a souvent  interprété les dispositions constitutionnels.

Une des révisions la plus importante de la constitution, mise en place par une démarche bipartisane, c’est la loi constitutionnelle de 1999 qui donne l’autonomie aux régions italiennes. Il faut dire aussi que la région est une collectivité territoriale crée ad hoc par la constitution. Auparavant ils existaient juste les provinces et les communes. Depuis 1999 la région italienne choisit son président, voté au suffrage universel et se dote d’un sorte de parlement, le conseil régional et un gouvernement (la giunta regionale) choisi par le président lui même.

La force de la collectivité territoriale.

Toutefois c’est la modification de l’art 117 de la Constitution en 2001 sur les compétences État-régions que renforce le pouvoir de la région en Italie. Aujourd’hui la région a des compétences propres (on peut citer le transports et la santé) et des compétences partagées avec l’État (rapports avec les régions européennes, commerce avec l’extérieur etc.) Donc un poids relativement forts dans la prise de décision. En matière de décentralisation il a y eu aussi la loi sur la dévolution, qui renforcé encore les régions surtout en matière d’impôts, mais cela a été rejetée par le referendum de 2006.

L’Instabilité italienne.

 La république d’Italie fait partie des régimes démocratiques de type parlementaire mais à l’extérieur on a l’impression d’un système politique confuse et pas tout à fait stable. En particulier,  en France on a la aptitude de confronter le système politique italien avec celui de la IVème République. Tout cela est en partie vrai, car souvent en Italie on trouve des gouvernements qui n’arrivent pas à terminer leur mandat car le système des partis en Italie c’est le multipartisme[1]. Ce type de système oblige le parti qui a une majorité relative et a la vocation de gouverner, de faire des coalitions avec des partis mineurs. Depuis l’existence de la République italienne seulement le gouvernement de Silvio Berlusconi (2001-2006) a réussi de terminer son mandat.

Mais le système de parti n’est pas le seul facteur explicatif de l’instabilité politique italienne. Paradoxalement, la constitution italienne et son inspiration « très démocratique » empêchent, de manière indirecte la stabilité politique de l’Italie.

En Italie la constitution  de 1947 a donné peu de pouvoir à l’exécutif pour empêcher le retour d’une dictature. La crainte de voir un nouveau Mussolini au pouvoir a obligé le « pères de la constitution » à limiter le pouvoir effectif du premier ministre. En fait le terme constitutionnel pour designer le premier ministre c’est président du Conseil. Il n’a pas un pouvoir vertical  sur les ministres, il est selon le jargon constitutionnel italien un primus inter pares (premier parmi les premiers). De ce fait, un potentiel premier ministre doit avoir une majorité forte dans les deux chambres et une confiance large parmi les ministres pour être sûr de terminer son mandat. Cela est presque impossible dans la réalité puisque les gouvernements italiens sont souvent des gouvernements de coalitions et les ministres n’appartiennent tous au même parti du chef de gouvernement qui reste relativement faible.

Le cas qu’expliquent mieux les difficultés d’un gouvernement de coalition en Italie c’est le gouvernement Prodi,  (2006-2008). La faiblesse du premier ministre a été matière de discussion et de critique par une partie de la classe politique italienne. En particulier le leader du centre droite, Silvio Berlusconi a toujours prôné pour un premier ministre plus fort plus proche au modèle britannique, mais jusqu’au aujourd’hui le premier ministre reste encore une figure importante mais relativement faible par rapport aux chef de gouvernements d’autres pays européens  comme la France ou l’Angleterre.

Le referendum abrogatif de 2006 qui a rejeté la dévolution a aussi mis fin à la tentative du centre droite de changer la constitution pour ce qui concernele pouvoir du chef de gouvernement. Dans la loi proposé et après rejeté, le premier ministre pouvait révoquer les ministres et dirigé la politique du gouvernement (dans la constitution il est prévu juste la coordination de la politique gouvernementale). Il pouvait aussi dissoudre les chambres, sans l’avis du président de la république.

Enfin, tous cela nous amène à remarquer aussi le rôle du chef d’État. Puisque il s’agit d’un système parlementaire le rôle du président il est loin du rôle d’un chef d’État d’un system présidentiel de type français. Néanmoins, le président en Italie reste peut être la figure la plus intéressant à analyser, que parfois a une attitude ambiguë, c’est le cas de la nomination de Mario Monti come chef du gouvernement.

Le rôle ambigu du chef d’État.

 La pratique constitutionnelle italienne confie au chef de l’État des pouvoirs explicites, notamment ceux écrits dans les articles de la loi fondamentale et des pouvoirs implicites, c’est-à-dire des pouvoirs, héritage de l’interprétation de la constitution par le conseil constitutionnel. Pendant l’histoire récent politique italienne, le chef de l’État s’est trouvé à refuser des lois que à son avis, après avoir consulté le conseil constitutionnel, apparaissaient anti – constitutionnel, créant ainsi des véritables conflits institutionnels, voire politiques[2]. Le Président de la République peut aussi mettre en place un gouvernement « technique » en cas de crise de gouvernement. Cela est arrivé en 1995, après les démissions du premier gouvernement Berlusconi. A l’époque le président Oscar Luigi Scalfaro nomme premier ministre l’économiste Lamberto Dini, qui a la vote de confiance par le parlement. Il s’agit du premier ministère composé que par des secrétaires et des « techniques », c’est-à-dire sans aucun représentant de la politique. Le gouvernement est connu surtout pour une grande reforme sur les retraites.

Le deuxième cas, c’est le gouvernement Monti de la XXVII législature, celle que nous intéresse dans ce blog. Mais avant de se focaliser sur le gouvernement on va encore une fois souligner la « force » du chef de l’État en Italie. Le professeur Mario Monti, ancien commissaire à la concurrence à la commission européenne est devenu premier ministre non parce que indiqué par les institutions européennes  comme l’homme idéal pour faire face à la crise économique italienne mais grâce surtout au rôle actif du chef de l’état italien Giorgio Napolitano.

Selon la Constitution, le président du Conseil doit être aussi un parlementaire. Pour remplir à cette obligation, Napolitano nomme Mario Monti sénateurs à vie et dans moins d’une semaine il propose le cabinet de l’ancien président de l’Université Bocconi aux chambres, lesquelles votent la confiance.

On aura le temps de parler du gouvernement Monti mais ce qui nous intéresse c’est de accentuer ce rôle très actif du président de la république dans la solution de la crise, en utilisant tout son pouvoir explicite et implicite.

S’agit-t-il d’un coup d’État due à la crise? La question n’est pas beaucoup posée dans l’opinion publique italienne. La situation est vue plutôt comme une urgence pour faire face à la crise et le vote de confiance du parlement donne une tache de « démocratie » aux actions des institutions italiens, notamment le chef de l’État. Or Mario Monti étaient  un parfait inconnu par le peuple italien pendant les élections politiques de 2008.


[1] Cf. Giovanni Sartori a mené plusieurs travaux sur l’argument, notamment “Elementi di teoria politica”  Il Mulino, Bologna, 2007.

[2] C’est le cas du conflits entre Silvio berlusconi et Carlo Azeglio Ciampi sur les conflits d’interet. Cf http://www.repubblica.it/online/politica/italiairaqdodici/ciampi/ciampi.html.

Les acteurs constitutionnels

La constitution italienne est une constitution longue et rigide ; longue parce qu’elle couvre plusieurs secteurs de la vie et de la société. La constitution italienne est divisée en deux parties. Les 4 titres de la première partie nous montre l’extension du pouvoir constituant dans plusieurs champs.

Titre 1 : Les rapports Civiles

Titre 2 : Les rapports éthiques et sociaux

Titre 3 : Rapports économiques

Titre 4 : Rapports politiques

Il s’agit aussi d’une constitution rigide car modifier les articles (la révision constitutionnel) requiert un procès différente de l’adoption des lois ordinaires, une procédure qu’est expliquée par la constitution elle même. (c.f. art 138, majorité de 2/3 soit au Sénat que au Parlement). En autre il n’est pas possible de réviser les principes fondamentaux (les premiers 12 articles) de la constitution et la forme d’État.

Ensuite, la deuxième partie traite les organes de la république et son organisation.

 « L’Italie est une République démocratique, fondée sur le travail. La souveraineté appartient au peuple, qui l’exerce dans les formes et dans les limites de la Constitution. » (art.1)

Le compromis entre les différentes forces politiques qui ont écrit la constitution, dont on a parlé précédemment, est bien évident en analysant cet article. Les mots travail et peuple, sont des termes voulus par la gauche de l’époque de Palmiro Togliatti et le socialiste, futur président de la République Giuseppe Saragat.

La constitution italienne prévoit un régime parlementaire bicaméral. La caractéristique la plus singulière de la république italienne c’est le bicaméralisme parfait (le seul en Europe) dans le sens où la chambre des députes et le Senat ont le même pouvoir législatif. Pour que une loi soit promulguée il faut la majorité dans les deux chambres. Dans la constitution il est prévu que le Senat doit être élu à base régionale ( art. 55) mais dans le temps la seule différence substantielle entre les deux chambres c’est l’âge pour l’éligibilité des sénateurs et des députes respectivement 45 ans et 25 ans.  Le Président du Senat est aussi le vice président de la République lorsque le chef de l’État ne peux pas exercice ses fonctions. Pour ce qui concerne le chef d’État, il présent les mêmes caractéristiques des présidents d’une république parlementaire, c’est-à-dire il est le chef de l’état et de l’armée, il nomme le premier ministre et peut dissoudre les chambre lorsque il voit qu’il manque une majorité stable, mais après avoir consulté les présidents des deux chambres. Il promulgue les lois que le parlement vote et comme en France, chaque promulgation de loi doit être accompagné par la contre-signature du ministre concerné. Il préside le conseil constitutionnel  et il est irresponsable devant la loi, sauf pour cas de haute trahison. Son mandat selon la constitution est de 7 ans.

Le gouvernement, selon l’article 92  de la Constitution est composé  par le président du conseil de ministre et le conseil de ministre.  Le premier ministre est nommé par le président de la République, qui, après avoir consulté les présidents des 2 chambres et sur proposition du premier ministre le chef d’état, nomme aussi les ministres. Le président du conseil est responsable du gouvernement et il a un rôle d’orientation politique et administrative, en favorisant et en coordonnant l’activité des ministres. (art. 95)

Enfin, la constitution italienne consacre un entier titre à la magistrature. Elle est libre des autres pouvoirs constitutionnels et elle est dirigée par le Conseil Supérieur de la Magistrature, présidé par le président de la République. Le vice président est désigné par le parlement. On verra dans un deuxième temps que un rôle important est joué par la magistrature surtout par la court constitutionnel dans la mise en pratique de la loi fondamentale. Souvent on souligne le rôle actif du conseil constitutionnel en Italie.

La naissance de la Constitution Italienne

L’Assemblée constituante est mise en place après le referendum institutionnel de 2 Juin 1946 sur la forme de gouvernement de la nation italienne. Cette date est fête nationale en Italie. Elle indiqué  « le jour de la république » car le peuple italien choisit la forme républicaine et le roi dut abandonner l’Italie. Il s’agit des premières élections au suffrage universel en Italie avec un taux de participation de 90%. Pour la première fois les femmes participent aux élections et 12.700.000  d’italiens se déclarent favorable à la république tandis que 10.700.000 sont pour la monarchie. Le même jour les italiens choisissent les parlementaires de l’Assemblée Constituante.

Résultats des élections de 1946 de l’Assemblée Constituante.

Les partis qui ont participés à la Résistance ( Parti Communiste, Parti socialiste, Démocratie chrétienne) obtient plus sièges. En particulier la Démocratie Chrétienne obtient la majorité avec 207 sièges sur 556, le parti socialiste 115, le parti communiste 107. Ensuite on a des formations mineurs comme l’Union démocratique nationale ( les anciens libéraux contre le règime fasciste) 41 sièges et le parti républicain avec 23 sièges.

Il est intéressant de remarquer aussi le score d’un petit mouvement politique Le front de l’homme quelconque (30 sièges) ( Fronte dell’Uomo qualunque) qui présentent les mêmes caractéristique du mouvement du mouvement poujadiste en France vers la fin des années ’50, c’est-à-dire hostilité vers les partis politiques et le capitalisme pure.

Aujourd’hui soit en Italie et en France le termes de Qualunquismo et Poujadisme sont devenus des synonymes  du populisme.

Les travaux de la constituante commencent le 25 Juin 1946 jusqu’au 41 Janvier 1948. Pendant cette période les commissions parlementaires élaborent la constitution et donnent la confiance aux trois gouvernements dirigés  par le chef de file de la démocratie chrétienne (DC), Alcide De Gasperi. Il s’agit d’une période de transition caractérisée par une collaboration entre les forces politiques de gauche et de droite, la même de la Résistance conduite par le CLN (le comité nationale pour la libération). Au sein des gouvernements on trouve aussi des personnalités de l’extrême gauche comme Palmiro Togliatti (Ministre de la justice). La coopération est tellement étroite qui débouche à un compromis politique historique avec et le résultat est la constitution de la république italienne.

Le 1 janvier 1948 rentre en vigueur la constitution de la I république italienne.

INTRODUCTION

Dans cette partie, après un petit historique de la création de la Constitution Italienne, on verra les acteurs constitutionnels et on va essayer d’expliquer les particularités du système constitutionnel et politique et ensuite les acteurs politiques de l’Italie.

Dans un deuxième temps, on verra l’actualité politique in Italie. Or, il ne s’agit pas de suivre l’actualité comme produit de la presse mais plutot de comprendre  les evenements et les attitudes des acteurs politiques pendant cette periode de transition.Une periode carcaterisée par la crise economique et par un gouvernment d’emergence dirigé par Mario Monti. En particulier on va se focaliser sur et les préparations pour les elections de Fevrier 2013, en expliquant les acteurs qui y vont parteciper, leur sociologie et le jeu et les regles politiques (lois electorales, primaires etc).